Que signifie la multiplication des "panthéonisations" ? Quand on ne cesse de déconstruire les normes, qu’on ne sait plus ce qu’est une nation, il ne reste plus que le culte des morts pour remplir le vide du pouvoir démocratique, explique l’historien Paul Airiau.

Donc, par la grâce présidentielle, la France et la République — c’est ici tout un — vont se voir doter d’un nouveau saint : Robert Badinter, santo subito. Et toc, encore un héros républicain, à un rythme échevelé serait-on tenté de dire. Car la chronologie est implacable. Depuis la présidence de Jacques Chirac, la République canonise, célèbre, panthéonise et rend hommage à tout va. Quatre panthéonisations, six hommages nationaux et une cérémonie d’obsèques nationales sous Jacques Chirac, quatre hommages nationaux et deux cérémonies d’obsèques nationales sous Nicolas Sarkozy, quatre panthéonisations et quinze hommages nationaux sous François Hollande, trois panthéonisations, 23 hommages nationaux et deux cérémonies d’obsèques nationales sous Emmanuel Macron — et on laisse ici de côté les hommages nationaux aux militaires tués en opération. François Mitterrand n’avait panthéonisé que quatre fois, Valéry Giscard d’Estaing et Georges Pompidou aucune, et Charles de Gaulle une.

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